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  Résumé : [ cours de terminale scientifique du programme français. évolution de la vie terrestre en rapport avec la géologie, les crises du vivant comme marqueurs des époques géologiques ]. Créé le 15/04/2002. Dernière modification le 28/05/2002. Version finale 1.10.


Changements géologiques et modification de la biosphère


A) Évolution de la vie et coupures géologiques.

1) Évolution de la vie et la géologie des roches sédimentaires.

  Au cours du temps il y a eu formation de dépôts de roches sédimentaires au fond de la mer par couches superposées, les plus anciennes étant au-dessous des plus récentes.
 Chaque strate représente un intervalle de temps, le temps fallu pour qu'elle se dépose. On peut essayer d'estimer la vitesse de sédimentation et ainsi mesurer le temps correspondant au dépôt.
 Ces strates diffèrent au niveau lithologique : il y a des argiles, des calcaires … . Elles diffèrent aussi selon leur contenu paléontologique, c'est à dire leur contenu en fossiles. Certains fossiles existent dans plusieurs couches et d'autres ne se retrouvent que dans une seule strate (ils ont donc disparu relativement vite). On peut donc identifier des roches et leur âge selon les fossiles qu'elle contient. Les fossiles permettant un tel repérage sont dits fossiles stratigraphiques car l'espèce fossilisée a eu une durée de vie suffisamment brève pour qu'elle corresponde à une période donnée. Une fossile stratigraphique doit aussi avoir pour qualités un nombre élevé de représentants et une vaste aire de répartition. Des associations de fossiles permettent aussi de dater les roches.

  Lorsqu'il y a apparition d'espèces on dit qu'il y a radiation tandis qu'une extinction correspond à une disparition. Ces phénomènes constituent des repères chronologiques. Les espèces disparaissent régulièrement mais il y a des périodes d'extinction massives.

2) Des périodes d'extinction massives.

Crises biologiques.

  Il n'y a pas de disparitions brutales mais des régressions progressives d'espèces.
 Dans l'exemple de l'extinction du genre Gephyrocapsa, il y a évolution biologique par un remplacement progressif du genre par un autre, Emiliana. Si on analyse les différentes espèces du genre Gephyrocapsa on voit que la régression du genre s'explique par celle de l'espèce Gephyrocapsa ericsonii-protohuxleyi. En fait seule l'espèce Gephyrocapsa oceanica se maintient.

  Les crises marquent toujours la transition entre deux périodes ou deux ères. C'est le cas par exemple de la crise la plus importante vécue par la biosphère, à la fin du Permien et qui a servi à marquer le passage de l'Ère primaire à l'Ère secondaire.
 Une telle crise est marquée par un taux d'extinction très élevé, une courte durée à l'échelle des temps géologiques (environ 10 Ma) et une extension mondiale. Elles sont généralement dues à des modification environnementales (climat …) ou à des événements catastrophiques de nature extraterrestre (météorites) et terrestres (volcanisme).

Crises et temps géologiques.

évolution du nombre de genres pendant les crises (d'après Sepkoski, 1982)  On utilise ces crises pour marquer des époques géologiques et construire l'échelle stratigraphique. Les ères correspondent à l'apparition ou à la disparition de groupes entiers d'organismes :

 - Précambrien - Ère primaire : apparition de fossiles d'organismes à tests minéralisés.

 - Ère primaire - Ère secondaire : disparition d'animaux marins.

 - Ère secondaire - Ère tertiaire : développement des mammifères, oiseaux et plantes à fleur.

 - Ère tertiaire - Ère quaternaire : marque l'apparition de l'homme, elle est pour l'instant totalement artificielle car cela c'est fait sans grande crise mais le libre cours laissé à la folie destructrice des hommes pourrait justifier l'usage de ce terme dans un proche avenir.

   Les crises de moindre importance sont utilisées pour découper les ères en étages. Ces étages sont caractérisés par une lithologie propre et une association particulière de fossiles stratigraphiques. Leur nom se termine en "-ien".
  Ces étages sont ensuite divisés en sous-étages et regroupés en systèmes ou périodes : Crétacé, Jurassique … . Une période correspond à un grand cycle sédimentaire.

 

B) Crise Crétacé - Tertiaire ou Crétacé - Paléocène.

1) La biosphère au Secondaire (dont Crétacé).

  Il y avait alors peu de terres émergées. Il dominait donc un climat océanique chaud avec de fortes précipitations. Le climat tendait vers le tropical sur la majeure partie du monde, y compris les pôles.

  Chez les plantes, il y avait :
 - beaucoup de fougères ;
 - des gymnospermes (conifères) ;
 - apparition d'angiospermes (magnolia, palmiers …) vers la fin du Crétacé ;
 - des planctons végétaux (phytoplancton) comme les coccolithophoridés dont l'accumulation de test est à l'origine du calcaire.

  Au niveau animal, il y avait une multitude d'invertébrés aquatiques et terrestres :
 - crustacés ;
 - oursins ;
 - des planctons animaux (zooplancton) : foraminifères ;
 - des mollusques dont les rudistes (mollusques bivalves, fixés et récifaux, à coquille épaisse, qui vivaient dans les mers chaudes), ammonites (mollusques céphalopodes à coquille externe) et bélemnites (mollusques céphalopodes proches de la seiche) ;
 - des reptiles : vertébrés dominants d'une très grande diversité, vivant dans tous les milieux et occupant toutes les niches écologiques : lézards, sauriens, tortues, dinosaures, lézards volants (ptérosaures), ichtyosaures, plésiosaures … ;
- de rares mammifères insectivores ou phytophages proches des rats.

2) Une crise biologique mondiale.

  Il y a eu une forte diminution du nombre de genres entre le Crétacé et le Paléocène vers il y a 65 Ma, avec une disparition d'une centaine de genres.

  Chez les végétaux les changements sont faibles :
 - disparition totale des bennettitales ;
 - prolifération des plantes à fleurs (dicotylédones et monocotylédones).
 À la limite Crétacé - Tertiaire, il y a prééminence des spores de fougères, alors que de part et d'autre de la limite, les pollens abondent. On en déduit qu'avant il y avait beaucoup de gymnospermes et d'angiospermes mais qu'il y a pratiquement eu extinction de ces espèces au profit des fougères, végétaux opportunistes. On peut donc se demander s'il s'est produit quelque chose de néfaste.

phylogénèse de végétaux et vertébrés

   Par contre chez les animaux, on constate un phénomène plus brutal :
 - disparition des dinosaures et ptérosaures chez les vertébrés continentaux (dans l'ensemble les crocodiliens et les tortues ont survécu) ;
 - en milieu marin, extinction des plésiosaures et ichtyosaures, des ammonites, bélemnites et rudistes. Les mollusques et les oursins sont très touchés, et 50% des espèces de planctons (y compris végétaux) disparaissent : les foraminidés sont décimés et 90% des coccolithophoridés disparaissent.

  Il y a donc bien eu une crise biologique qui a affecté tous les milieux (continental et aquatique) dans le monde entier.

3) Identification de la limite Crétacé - Tertiaire.

repérage de la position stratigraphique de la limite Crétacé - Paléocène  On peut identifier cette limite Crétacé - Tertiaire à l'échelle du globe. La couche représentant cette époque est en effet caractérisée par une couche d'argile noirâtre, que l'on retrouve un peu partout dans le monde. Celle-ci s'oppose à des couches calcaires blanches du Crétacé et beiges du Tertiaire. La couche fait quelques centimètres d'épaisseur et ne contient aucune trace de fossiles.
 Le calcaire blanc situé au-dessous renferme des microfossiles marins typiques de la fin du Crétacé, et le calcaire beige, situé au-dessus montre que les microfossiles du Crétacé ont été remplacés par d'autres, typiques de la base du Tertiaire (Paléocène). Il y a donc eu un renouvellement de microfossiles après la crise. Mais si le couche argileuse est dépourvue de fossiles c'est sans doute qu'il n'y avait guère d'êtres vivants à l'époque de la crise.
 La teneur en CaCO3 chute brusquement dans la couche de la limite : à la fin du Tertiaire elle est de 40% contre 5% au moment du dépôt. Or le calcaire a une origine biologique ce qui laisse penser qu'il y a eu quasi-disparition des espèces à test calcaire (plancton principalement).
 D'autre part cette couche a un taux d'iridium très élevé à un moment donné (c'est le pic d'iridium) et de magnétites (pic de magnétites) qui permettent de la repérer.
 Ce sont ces données lithologiques (argile au lieu de calcaire), paléontologiques (pas de fossiles) et géochimiques (pics d'iridium et de magnétites) qui caractérisent à l'échelle mondiale la limite Crétacé - Tertiaire.

4) Après la crise, le Tertiaire.

  Les grands groupes qui n'ont pas disparu se développent et se diversifient :
 - il y a apparition de graminées, qui vont causer l'expansion de prairies qui pourront être colonisées par des herbivores ;
 - les mammifères en profitent pour proliférer et vont occuper toutes les niches écologiques libérées par la régression des reptiles ;
 - prolifération des oiseaux ;
 - la vie reprend dans les milieux marins : les coraux remplacent les rudistes dans la construction de récifs, chez les foraminifères les globigénines, seuls survivants du genre, vont reprendre le contrôle des eaux.
 Il s'agit donc de l'ère de la domination des insectes, oiseaux et mammifères.

  Toutes les espèces qui apparaissent après une crise ont pour origine des espèces qui existaient déjà et qui ont survécu à la crise. Les crises biologiques permettent donc un renouvellement des flores et des faunes.  Le repeuplement s'effectue par l'intermédiaire d'espèces qui ont connu une complexification et une diversification par rapport à celles qui les précédaient.

 

 

Liens intéressants :
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