GuerreroJivaro.host.sk : Index > Géologie > Histoire et évolution de la Terre et des êtres vivants > L'évolution de la vie (3/3).
  Résumé : [ cours de terminale scientifique du programme français. évolution de la vie terrestre : établissement de liens de parenté entre espèces, étude des mécanismes de sélection naturelle et d'innovation génétique (mutations, apparition de nouveaux gènes) ]. Créé le 01/05/2002. Dernière modification le 04/05/2002. Version finale 1.00.


L'évolution de la vie (3/3)


B) Les mécanismes de l'évolution.

  Les mutations de l'A.D.N. au niveau des gamètes est source d'évolution génétique, mais quelle est la part de celle-ci dans l'évolution des êtres vivants ? Comment expliquer aussi extinctions et radiations ?

1) Mécanismes d'innovation génétique.

Mutations :

  Les mutations sont des modifications affectant la séquence de l'A.D.N.. La fréquence de mutation est faible pendant la réplication mais permet de créer de nouveaux allèles pour un gène donné., ce qui accroît la diversité.  Certains agents dits mutagènes favorisent l'apparition de mutations : rayonnement radioactif, produits chimiques … . Mais même en présence de nombreux agents mutagènes, les mutations sont insuffisantes à elles seules pour expliquer la diversité du vivant car toutes les espèces n'ont pas les mêmes gènes et justement les mutations ne permettent pas de créer de nouveaux gènes.

  Étudions le cas de l'hémoglobine humaine, formée par l'association de quatre chaînes polypeptidiques identiques deux à deux. Le type d'hémoglobine d'un individu dépend de son âge :
          - chez l'embryon : 2 chaînes z (chaîne du groupe A) et 2 chaînes e (chaîne du groupe B) ;
          - chez l'embryon : 2 chaînes a (groupe A) et 2 chaînes g (groupe B) ;
          - chez l'enfant et l'adulte : de l'hémoglobine A – 2 chaînes a (groupe A) et 2 chaînes b (groupe B) –
                                                        mais aussi un peu d'hémoglobine D – 2 chaînes a (groupe A) et 2 chaînes d (groupe B) –.
 L'hémoglobine, qui sert au transport du dioxygène dans le sang, se compose donc de chaînes du groupe A et d'autres du groupe B. Les chaînes de ces deux groupes se ressemblent mais les séquences géniques qui codent pour elles se trouvent sur des chromosomes différents (A : chromosome 16, B : chromosome 11). Les chaînes sont donc codées par des gènes différents : tous les allèles d'un même gène sont forcément sur le même locus mais il y a 6 loci différents pour 6 types de chaînes, il y a donc 6 gènes.
 Si les molécules produites se ressemblent tout en ayant des fonctions identiques, c'est qu'elles sont homologues dans la même espèce et le même individu. Ces molécules sont alors apparentées et les gènes qui codent pour elles sont homologues dans une même espèce. Ces gènes ne s'expriment pas au même moment de la vie de l'individu mais existent simultanément dans le génome : il s'agit d'une famille multigénique. (-o zoom o-)
 Ainsi l'hémoglobine existe chez tous les vertébrés mais chez les agnathes et les requins (poissons primitifs), la synthèse de l'hémoglobine est codée par un seul gène qui pourrait être le gène ancestral. Chez les amphibiens, les gènes sont au nombre de deux et chez les reptiles au nombre de trois. Il y a donc apparition de nouveaux gènes avec l'évolution. L'homme, mammifère, a hérité de trois gènes et en sont apparus trois autres. On peut en déduire un arbre des gènes :

arbre des gènes de l'hémoglobine

Création de gènes :

  La création de gènes est possible par le mécanisme de duplication-transposition : après un chiasma mal effectué va avoir lieu un crossing-over inégal où un chromosome reçoit un brin plus long que celui qu'il a cédé. Les gènes présents sur ce brin mais pas sur celui qui a été cédé se retrouveront alors en double sur le chromosome … . Les mutations permettront ensuite de différencier ce nouveau gène de son original jusqu'à donner une famille multigénique si ce phénomène est reproduit. Si la duplication-transposition n'est pas suivie de mutations, il produit une famille multigénique de gènes identiques (c'est le cas des gènes codant pour les histones). Mais les mutations peuvent aussi entraîner un changement de fonction des protéines produites ce qui rend nécessaire la consultation des séquences pour s'assurer d'une parenté (c'est le cas des gènes hypophysaires).

les mécanismes de duplication des gènes

Les mécanismes de duplication des gènes. Les phénomènes génétiques à l'origine de la duplication des gènes sont complexes. Parmi les mécanismes possibles, les plus simples sont :
a. les cassures chromosomiques non homologues suivies d'une réunion ;
b. la recombinaison homologue entre des éléments répétés situés de part et d'autre du gène.
Les deux copies sont rigoureusement identiques si l'évenement survient chez un homozygote. Elles peuvent être légèrement différentes si l'individu est hétérozygote.

  Dans le cas des protéines de l'immunité, celles-ci ont environ 30% d'acides aminés en commun. Les molécules sont organisés en boucles, ces séquences d'acides aminés sont homologues et on retrouve pour toutes les protéines de l'immunité des domaines semblables, les gènes qui les codent sont donc apparentés. On pense qu'il y a eu là aussi duplication-transposition qui a conduit à la formation de plusieurs gènes codant chacun un domaine. Après association de ces gènes (ou de fragments de ceux-ci), cela a conduit au codage de sites complets : dans certains cas il y a des domaines d'homologie issus des codes ancestraux, et dans d'autres il y a des différences très fortes dues à l'incorporation de gènes étrangers à la famille multigénique (c'est le cas des molécules du C.M.H. qui présentent des microglobulines assez différentes des immunoglobulines caractéristiques de la famille). (-o zoom o-)

  Le génome n'est donc pas figé, il y a au contraire une extraordinaire plasticité du génome, indispensable à l'évolution du vivant.

Création de nouveaux génotypes :

  Les nouveaux génotypes obtenus doivent être présents dans le génome des gamètes pour être transmis. De plus il faut que l'innovation ne soit pas fatale au porteur, c'est à dire qu'il soit compatible avec la survie de l'individu et sa reproduction. Les mécanismes de la reproduction sexuée (méiose et fécondation) vont réaliser un brassage génétique et une transmission aléatoire des allèles ce qui va faire que les descendants auront des génotypes originaux.

2) Conservation de l'innovation génétique.

Innovation génétique et modification du phénotype :

  Certaines innovations sont neutres, suite à des mutations silencieuses principalement. Par contre d'autres ont des conséquences énormes sur le phénotype. Ces mutations ont peut-être servi à la modification des plans d'organisation lorsqu'elles ont touché des gènes homéotiques / architectes. (-o zoom o-)

Influence de la sélection naturelle :

  Le cas exemplaire de la phalène du bouleau nous renseigne sur les mécanismes de sélection naturelle par rapport au milieu. En effet ce papillon est nocturne et le jour il s'immobilise sur les troncs de bouleau. Comme les phalènes sont généralement de couleur blanchâtre tachetée de gris, une fois posés sur le tronc ils se confondent avec l'écorce du bouleau. Il y a donc homochromie : l'espèce a une similitude de couleur avec le milieu dans lequel elle réside, ce qui permet par camouflage de se dissimuler d'éventuels prédateurs. Pourtant avec la révolution industrielle (accompagnée de pollution noircissant le tronc des arbres), un nouveau type de phalène est apparue, cette fois-ci à la coloration noirâtre. Dans les régions non-industrielles, les espèces claires sont avantagées par rapport aux sombres, vites détectés par les oiseaux. Dans les régions industrielles c'est le contraire qui se produit.
 La forme ancestrale est la forme claire mais en 1848 sont apparus des mutants sombres. Par sélection naturelle par le milieu, l'allèle favorisant la survie dans certaines conditions sont transmis (allèle claire en milieu non-industrialisé …). La fréquence d'un allèle dans une population dépend ainsi du milieu (s'il est favorable ou pas dans celui-ci). La sélection naturelle est donc un processus orienté qui favorise la survie des individus dont le phénotype est le mieux adapté à un moment donné aux conditions de l'environnement. Elle modifie la fréquence allélique au sein d'une population en augmentant celle des allèles présentant un avantage sélectif.
 Par ailleurs la sélection est dite conservatrice si elle favorise le phénotype en place et novatrice si elle tend à la production de mutants.

  De même la répartition planétaire du gène Hbs coïncide avec la distribution du paludisme par el fait que les hétérozygotes HbA-Hbs présentent un avantage sélectif qui entraîne une résistance à la malaria. La mutation de l'hémoglobine est alors facteur de sélection naturelle (bien que les homozygotes Hbs-Hbs soient atteints de trépanocytose).

  Avant le rétablissement de l'isthme panaméen les espèces étaient très différentes en Amérique du Nord et du Sud. Mais cette voie terrestre ouverte, il y a eu des migrations d'espèces du Nord vers le Sud et du Sud vers le Nord et le nombre totale de familles a augmenté dans chacun des sous-continents. Cependant, l'implantation des animaux venus du Sud n'a pas été fructueuse contrairement à celle des espèces septentrionales. Très vite le nombre de familles est revenu au même nombre qu'avant les migrations. Certaines familles de migrants venus du Nord ont pu se substituer aux espèces présentes en Amérique du Sud. Il y a eu compétition entre espèces (loup placentaire contre loup marsupial dans la même espèce niche écologique) et seuls les plus forts ont survécu. Il y a donc aussi sélection naturelle entre espèces. (-o zoom o-)

Notion d'horloge moléculaire :

  Le taux de mutation est à peu près égal pour toutes les molécules mais les mutations ne sont pas conservées au même titre, la vitesse d'évolution dépend donc du taux de conservation des mutations. Ainsi l'hémoglobine est une molécule essentielle et donc très délicate à manipuler, il y a donc beaucoup de mutations qui l'affecte qui produisent des allèles létaux ce qui diminue fortement sa vitesse d'évolution (changement d'un acide aminé tous les 5 Ma). Au contraire la fibrinopeptide est peu importante pour l'organisme ce qui fait que les mutations peuvent être plus souvent conservées sans pour autant compromettre la survie du porteur (d'où une vitesse très élevée d'un acide aminé changé tous les 1,25 Ma). Enfin dans le cas du cytochrome C, enzyme intervenant dans les mécanismes respiratoires, la vitesse d'évolution est extrêmement lente (changement d'un acide aminé tous les 21 Ma) car la plupart des mutations qui l'affectent sont éliminées avec le porteur.
 Une fois que l'on connaît la vitesse d'évolution d'une molécule on peut comparer cette molécule chez différentes espèces pour retrouver la date possible d'existence de l'ancêtre commun. Cela va permettre de préciser les arbres phylogénétiques, c'est pourquoi on considère de telles molécules comme étant des horloges moléculaires de l'évolution. (-o zoom o-)

 

 

Liens intéressants :
partie 1 | partie 2 | partie 3 |

Quelques aspects de l'histoire de l'évolution de la Terre (page html - 26kb) | Changements géologiques et modification de la biosphère (page html - 78kb) |
Zoom sur la notion de famille multigénique (page html - 41kb) | Zoom sur les réarrangements géniques chez les molécules de l'immunité (page html - 89kb) |
|  Zoom sur les gènes homéotiques (ou architectes) (page html - 32kb) | Zoom sur la sélection naturelle par compétition entre espèces (page html - 39kb) |
Zoom sur la conservation des mutations et la notion d'horloge moléculaire (page html - 29kb) | La lignée humaine (4 pages html - 180kb) |

 

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